Exploration souterraine en Tunisie en 2013

Massif du Djurdjura : l’espoir des spéléologues

L’exploration de ces deux grands gouffres a été faite au début des années 80 par des spéléologues français. Après cette période faste, les choses sont devenues plus compliquées pour des raisons politiques, l’accès au massif a été plus difficile et, de 1995 aux années 2000, l’armée a occupé les montagnes, ce sont les "années noires" du terrorisme.

Depuis quelques années la situation s’améliore doucement et l’accès est maintenant autorisé tout en restant extrêmement règlementée, surtout pour les visiteurs étrangers que nous sommes !

Impossible d’espérer pouvoir explorer des cavités ou des canyons sans être formellement invités par un club du pays. Par l’intermédiaire d’amis tunisiens nous avons pris contact avec le CSSM de Bejaia, une équipe dynamique et motivée pour relancer les explorations sur leurs terres.

Programme d'exploration souterraine

Anou Asfis et Anou Boussouil : le programme d’exploration reprend

Au programme de notre séjour, la visite du gouffre Anou Boussouil avec comme objectif les points d’interrogations laissés sur la topographie de la cavité à 500 m de profondeur. Les anciens sont allés au plus évident et il reste sans doute des continuations à trouver, il faut aller voir pour en avoir le cœur net. Le gout de l’inconnu est un aiguillon qui nous titille encore et toujours !

Anou Boussouil

On se retrouve à 15 devant l’entrée, c’est une perte qui collecte les eaux d’une vaste doline. Interdit d’aller sous terre ici avec une météo incertaine...

La descente est l’occasion pour certains de battre leur record de profondeur, une opportunité à ne pas manquer ! Première descente à - 500 pour Maroua, la première femme du Maghreb à atteindre cette cote. Un symbole fort, les femmes musulmanes ont, elles aussi, la motivation, l’énergie et les compétences pour faire aussi bien que nous les hommes. Le gouffre est esthétique et facile de progression, c’est un joli canyon bien sculpté jusqu’à l’enchainement des grands puits. Là, il prend d’autres dimensions.

Anou Asfis

Nous avons encore eu la chance de parcourir le beau canyon d’Asfis, ouvert lui aussi par des spéléologues français à la même époque. Il leur avait fallu plusieurs tentatives pour arriver au bout de cette gorge étroite, un coup de sabre dans le massif. À l’époque, la descente de canyon était de la "spéléologie à ciel ouvert" et ils avaient équipé en cordes fixes pour faire l’aller-retour, comme en spéléo. Nous avons rééquipé les cascades pour une pratique moderne, avec des goujons de 12 mm et des amarrages inox pour tirer les rappels. Asfis est un petit bijou et il nous tarde de revenir explorer la partie amont !
C’est à chaque fois une chance et un privilège à mes yeux de partager ma passion avec des spéléologues du monde entier !

Un grand merci à nos amis du club spéléo de Bejaia, à Hamid le président pour l’organisation, à Medhi pour avoir initié cette aventure .

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