1. Wadi Nakhr
Wadi Nakhr, aussi appelé Jabal Shams, la montagne du soleil est un endroit assez caractéristique d’Oman. Il s’agit du grand canyon d’Arabie qui, si il n’a pas la longueur de son homologue américain, doit le supplanter en terme de profondeur. Du sommet au village de Ghul (le démon) il doit bien y avoir 2300 mètres de profondeur.
Quel que soit l’endroit d’où on le voit, l’ambiance est sévère. Si on remonte depuis le village abandonné de Ghul, on va faire une dizaine de kilomètres de 4×4 dans un lit de rivière défoncé où les crues charrient des blocs gros comme des maisons. Si on arrive par le point de vue touristique, le vide est impressionnant et on ose pas forcément s’approcher du bord de la falaise. Dans les deux cas c’est grandiose.
Du coup on a prévu de faire une des rares répétitions de ce canyon. D’après son ouvreur ce serait la quatrième ou cinquième aventure par là bas. Khaled Abdul Malak l’ouvreur, l’a fait par le grand cassé de 400 mètres et par la ligne de rappel de l’éperon, un certain Franz Baumgartner, ouvreur en autre de Trummelbach et Gamchi l’a fait avant nous par l’éperon et nous serions donc les suivants. Je pense que d’autres équipes ont du passer, mais on a pas de traces écrites ni de connaissance par le réseau.
Le début, fréquenté par les professionnels d’Oman, comporte une cascade de 50 et une de 180 mètres, chacune en fil d’araignée. On peut de là sortir par une via ferrata en rive gauche ou par le classique sentier de la balcony walk en rive droite.
La suite, c’est l’abîme de 400 mètres. Quelques mètres en paroi et c’est parti pour 385 mètres plein vide, c’est à l’heure actuelle le plus grand rappel en canyon connu au monde. Il est facile de comprendre qu’il n’est pas facile d’avoir une longueur de corde aussi grande, encore moins de la porter. La seconde option consiste à descendre par l’éperon rive gauche, une ligne de rappel exposée aux chutes de pierres avec quelques frottements de corde qui font froid dans le dos. Comme on a pas de grande corde, ce sera notre option.
On a tellement vécu de sketchs dans cette aventure que je vais même pas essayer de les lister. Il faudrait un compte-rendu par équipier. Nous dormons directement dans le canyon. La suite du canyon est une oeuvre d’art, on enchaine rappel au sec, dans l’eau, nage, saut, paysage grandiose. Nous arrivons au voitures en fin d’après midi le lendemain.